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Dans cet article, l'expert en rendu Olivier Therrien partage son expérience et ses impressions du I3D (Interactive 3D Graphics and Games 2024), un symposium de premier plan en matière de graphiques 3D en temps réel et d’interaction humaine. Olivier nous éclaire sur l'importance de cet événement, les points forts qui ont marqué l’édition 2024 qui avait lieu en mai à Philadelphie, les avancées technologiques qui l'ont marqué, et l'impact de ces découvertes sur son approche en matière de rendu.
Le symposium I3D est organisé par le ACM SIGGRAPH. En quoi est-il était incontournable pour le CDRIN d’assister au à cet événement cette année?
Le I3D est une conférence spécialisée dans le rendu 3D et les jeux vidéo. En tant qu’expert en rendu, c’est une occasion unique de rencontrer des spécialistes en recherche et développement, que ce soit dans le milieu académique ou industriel. Contrairement à des événements de plus grande envergure comme le SIGGRAPH, le I3D se distingue par son caractère très intimiste, réunissant environ 80 participant·es, ce qui favorise des échanges approfondis avec tout le monde. De plus, la présence de nombreuses personnes étudiantes au doctorat qui exposent leurs travaux sous forme de papier ou d’affiche enrichit encore davantage les discussions et les découvertes.
Quels points forts retiens-tu de la conférence?
Pour moi, les points forts sont principalement les rencontres avec certains experts et sommités dans le domaine du rendu qui sont normalement difficiles à joindre. L’I3D est une conférence internationale et ceux et celles qui y assistent viennent des quatres coins du globe. Les présentations étaient aussi très intéressantes, souvent plus accessibles que la lecture directe d’un papier. Étant donné qu’elles n’étaient pas enregistrées, avoir accès à ces informations étaient vraiment un privilège.
Quels exposés, recherches ou avancées ont retenu ton attention, et pourquoi?
La présentation qui m’a le plus impressionné est celle intitulée Transforming a Non-Differentiable Rasterizer into a Differentiable One with Stochastic Gradient Estimation. Thomas Deliot, Eric Heitz et Laurent Belcour ont expliqué comment utiliser une image d’un rendu pour déduire automatiquement les paramètres d’une scène 3D, fonctionnant dans n’importe quel moteur. Cette avancée promet d’améliorer les méthodes de photogrammétrie et de reconstruction 3D, avec de nombreuses applications potentielles dans le domaine du rendu 3D en général. L’exposé d’un autre papier intitulé ZH3: Quadratic Zonal Harmonics démontrait comment réduire l’empreinte mémoire des Spherical Harmonics, souvent utilisées dans les jeux pour pré-calculer l’éclairage ambiant d’une scène 3D.
Plusieurs présentations ont abordé les Gaussian Splats, une technologie qui permet de capturer et rendre des scènes réelles avec une excellente qualité, en préservant même les reflets et autres effets qui changent en fonction de la position de la personne observant la scène. Au CDRIN nous les avons beaucoup explorés afin de les intégrer dans les projets de certains partenaires. Les nouvelles avancées présentées au i3D améliorent la qualité ou offrent une meilleure compression pour un partage plus facile sur le web.
Comment l’I3D 2024 influence-t-il dans ta vision ou ton approche en matière de rendu? Y a-t-il des idées nouvelles que tu envisages d’explorer?
La qualité des exposés m’a grandement impressionné. J’ai remarqué que les meilleures étaient aussi les plus accessibles, et je compte bien m’en inspirer pour mes futures présentations. En termes d’innovations à explorer, je suis spécifiquement intéressé par les avancées en rendu différentiable et l’intégration de l’intelligence artificielle dans le rendu 3D. Leur application à ce domaine est récente, et il est encore difficile d’en connaître l’impact complet, mais c’est justement ce qui les rends intéressants!
Quelles technologies émergentes abordées t’ont interpellé? De quelle manière celles-ci ont été intégrées et pour répondre à quels besoins et enjeux?
Une présentation que j’ai trouvé particulièrement surprenante est Skill-Based Matchmaking for Competitive Two-Player Games. On y apprend que les techniques existantes pour évaluer les compétences d’un·e joueur·se en vue de le faire concourir à un·e autre de force similaire sont très exploitables. Par exemple, les joueur·ses peuvent facilement perdre délibérément afin d’être mis·es en compétition avec d’autres de niveau plus faible. La nouvelle méthode présentée règle complètement ce genre de problème grâce à un nouvel algorithme beaucoup plus précis mathématiquement.
As-tu des conseils à partager avec nos internautes et expert·es en rendu qui cherchent à innover?
Je recommande aux entreprises utilisant des moteurs 3D commerciaux comme Unreal Engine ou Unity de compter sur les développeur·ses de ces moteurs pour intégrer rapidement les dernières avancées. Pour les entreprises ayant leurs propres moteurs 3D, rester à jour en s’abonnant à des publications spécialisées comme Graphics Programming Weekly est essentiel. Les conférences telles que SIGGRAPH, I3D ou HPG offrent également des informations pertinentes, bien que parfois complexes.
Comment penses-tu que ce qui a été présenté au I3D Symposium va façonner ou influencer le rendu dans les prochaines années? Quelles sont les implications pour notre organisation et nos clients?
Plusieurs des techniques présentées auront un impact significatif de par leur aspect pratique, certaines sont même déjà intégrées en production dans l’industrie. Elles permettront d’améliorer encore plus les performances en temps réel et la qualité visuelle des rendus. Les tendances comme le Ray Tracing et l’intelligence artificielle deviennent de plus en plus importantes et sont là pour rester. J’ai aussi très hâte de voir comment le rendu différentiable sera intégré en production et quels nouveaux algorithmes et outils cette technique permettra de réaliser.
